Récit de course, trail des raids dingues – 18
Octobre 2014.
Mon objectif est de travailler la vitesse avant
début avril, je décide donc de m’aligner sur des trails ‘courts’, de 30 à 50km
sur les 6 prochains mois. Mon premier objectif, le trail des Raid Dingues, est
une sorte de test, car je n’ai jamais couru de telle distance. Des 10km, oui,
des 80km, également ; mais un 31km jamais !
La plupart des personnes à qui je dis ‘je vais
faire une trail court, sur une petite distance, offrant ‘seulement’ 31km’ me
prennent pour un malade. Mais en trail, la gestion de l’effort est
particulière.
Donc me voilà sur la ligne de départ d’un trail à
première vue rapide, qui me permettra de sortir la frontale, et me tester sur
une distance il faut le dire un peu traître. Qui plus est, je n’ai aucune idée
de la localisation des 600mD+, et ne sais pas de quoi sera fait le terrain. Ca
promet ! J
Une sorte de voiture balai nous promène 800m en
ville, ce qui me permet de me chauffer. Je jauge mes concurrents, et trouve que
même si nous ne sommes pas très nombreux (une 100aine je pense, ce qui me
convient très bien !), il y en a quelques uns qui me semblent sacrément
affûtés.
Le parcours nous amènera à travers les forêts
environnantes, nous faisant traverser un champ de sanglier, longer un bois
(donc courir penchés), longer 2 champs en labours (il me semble, car il faisait
nuit), et grimper quelques belles côtes boueuses, dont certaines nécessiteront
l’aide d’une corde pour monter sans trop se fatiguer, et sans s’arracher les
ongles.
J’ajuste ma Nao ; le départ est donné ;
nous voilà partis pour une belle balade dans les forêts de Saint-André de l’Eure
(au nord de Dreux).
Je décide d’utiliser le km qui nous amène dans les
bois pour tester le peloton de costauds. J’envoie donc un rythme que j’évolue
en fonction de la réaction du paquet d’avants. En quelques secondes, je sens
que ça ne veut pas vraiment partir sur un départ en trombes. On s’acheminera
donc gentiment vers le bois de Champigny à un bon 15km/h.
Le 1er km en sous-bois serpente entre
les arbres, et nous offre une alternance de mini montées/descentes très
plaisantes à courir. Le terrain est en pente ; nous avançons donc penchés,
ce qui complique la chose, mais cela reste pour le coup très agréable. Je dois
dire que le temps y est également pour beaucoup : sec (pas de pluie),
agréable (peut-être 10-15°c max).
A partir du km2, et pendant 2-3km, il nous faut
avancer en terrain miné. En effet, on traverse une portion très tortueuse de ce
petit bois, puis nous traversons un champ qui offre la particularité d’accueillir
de nombreux sangliers. Autant vous dire que nos appuis ne sont pas des plus
aisés, et que la progression n’est pas rapide !
Enfin, sortis de ce mer$£@ier ; pour le coup,
on peut passer la 2nde. Un bon 4’10 // 4’20 au kilo sur une section
très roulante en sous bois. Le sol est sur cette portion assez pratique ;
quelques racines nous titillent les chevilles et nous font glisser de temps à
autres, mais rien de bien méchant.
Et ma belle Nao, que j’ai réglé sur ‘pleine
puissance’ nous ouvre la voie.
Nous ne sommes déjà plus que 3. Je cours devant
avec Olivier (un homonyme !), et une tierce personne nous suit de près. Du
km7.7 au km11.7, soit pendant près de 3km, on décide tacitement de maintenir un
rythme relativement soutenu : un bon 15km/h. Cette portion est bitumée, et
nous permet de rejoindre une 2nde forêt, en traversant le hameau de
L’habit.
Nous avons parcouru un bon tiers de la course et je
me sens vraiment bien ; aucune crampe ; aucune douleur ; je suis
vraiment ‘façile’ jusque là. Sur les 3 premiers km, nous avons le droit à un
terrain plus compliqué, parsemé de quelques belles côtes. Nous creusons à cet
endroit un gap sérieux avec le reste du peloton : nous ne sommes plus que
2 en tête, et avons 1h de course, et 4min d’avance sur nos poursuivants.
Une belle portion roulant en forêt nous amène à
mi-course ; on se fait plaisir en maintenant un rythme de 4’30 au kilo
avant d’arriver sur 2km plus compliqués parsemés de belles montées qui ont
comme principale difficulté non pas le dénivelé, mais le côté glissant et
boueux du terrain.
Au km17, c’est la panique : ma frontale clignote
3 fois. M’étant dis que c’était la Rolls des frontale, je n’ai pas pris la
précaution de prendre une lampe de rechange. Elle passe en mode économie d’énergie ;
autant vous dire que je ne vois plus grand-chose.
Les problèmes commencent : je ne vois rien ;
je me cogne sur les pierres et les racines qui jalonnent le parcours. Le
dénivelé est ponctué de petites côtes et petites descentes : je ne vois
pas où poser les pieds, et me ‘heurte’ littéralement à des parois pentues, ce
qui finit à la longue par me casser les pieds, au sens propre, comme au sens
figuré. Cela ne m’empêche pas de maintenir un bon 13km/h sur la portion
roulante en forêt, mais le plaisir n’est plus là, l’aisance de la foulée non
plus ; je suis passé d’un état d’esprit ‘je suis façile, et la gagne est
largement à portée de main’ à un état d’esprit ‘je vais me retrouver comme un
con au milieu des bois à appeler dans la nuit pour me faire rapatrier’.
Grrrrrrrrr, j’enrage.
Mais à la décharge de Petzl, c’est complètement de
ma faute : j’ai forcé la frontale en mode actif (donc pas la mode
intelligent), qui illumine à pleine puissance non-stop ; je viens de me
rendre compte après coup que la notice indique 1h20 d’autonomie sur ce mode,
contre 8h en mode intelligent. Bref, c’est du Olivier tout craché, mais c’est
quand même sacrément dommage.
Ma lampe peut donc s’éteindre à tout moment, et il
fait nuit noire. De retour au hameau de L’habit, je m’arête 30sec pour vérifier
la jauge de ma batterie ; je n’ai pas la berlue ??? Elle me montre 3
barres !!! Donc, je reforce le mode éclairage à fond (quand on est con…),
en me disant que je suis large pour les 10 derniers km.
Cet arrêt me fait perdre 100-200m sur Olivier, avec
qui je cours maintenant presque 2h.
Je me dis qu’avec ma frontale de retour, je vais
pouvoir passer le parc aux sangliers tranquille, et accélérer sur la portion
roulante en sous-bois.
Mais j’avais du avoir la berlue, et à peine rentré
en sous-bois, ma frontale faiblit fortement. Je dois traverser le bois, puis le
parc à sanglier presque à l’aveuglette. Je m’éclate les pieds, je trébuche 100
fois, je glisse, je tombe, je n’avance à rien, et j’en ai plein le dos !
Je finis tant bien que mal par sortir de ce
merdier, et grimpe une dernière côte, qui m’amène au km27. Il ne me reste plus
que 4km, et très peu de déniv, sur une portion roulante en forêt, ca devrait le
faire. Mon épopée dans la boue sans lumière m’a empêche de rester au contact d’Olivier,
mais tant pis pour la gagne, la 2nde place est à portée.
Mais c’était sans compter sur le dernier acte de ma
lampe, qui décide de rendre l’âme au milieu des bois. Je me retrouve comme un
con, sans lampe, dans le noir, sans voir plus loin que le bout de mon nez…
Je n’ai plus qu’à attendre que quelqu’un vienne à
mon secours.
Yves, le 3ème arrive 4 minutes plus
tard, et me prête très gentiment une frontale de rechange qu’il a sagement
apporté. La leçon est retenue…
Je commence par prendre les devant, mais la lampe
qu’il me prête n’a pas une puissance optimale ; je le laisse passer
devant, car mes pieds en ont ras-le-bol de rencontrer racines et cailloux.
Nous finirons la course ex-æquo ; je lui dois
une fière chandelle, car très franchement, je ne voyais pas comment parcourir
les 3-4km manquants à tâtons au milieu des bois ! J
La ligne d’arrivée franchie, je suis vraiment ravi !
Une belle 2ème place pour une course très plaisante et pleine de
rebondissements. J'arrive frais comme un gardon : pas de douleurs, pas de crampes ; seulement très mal aux pieds (courir penché, et se prendre pierres et racines, c'est pas l'idéal)
J’ai longtemps hésité sur la première partie de
course à mettre un coup d’accélérateur. Mais tout compte fait, je n’aime pas
courir seul : le risque de se perdre est trop important, et on ne
rencontre personne. A posteriori, je n’ose imaginer ma fin de nuit si je m’étais
perdu dans les bois avec une frontale qui se serait éteinte J
J’en profite pour remercier et féliciter les
organisateurs, qui ont fait un sacré boulot. Du retrait des dossards jusqu’au
podium à minuit passé, l’ambiance était au top ! Et mention particulière au balisage, qui
n’a jamais laissé planer de doute, et nous a permis de courir sans se poser de
questions, en profitant de chaque instant !
Une chose est certaine, je reviendrai l’année
prochaine (en plus, je suis invité J),
avec d’autres ambitions, et une frontale bien réglée J
Et puis merde…. PREMIER PODIUM QUAND MEME !!!!!!!! J