Et c’est reparti pour un tour ! Le tour des glaçiers de la Vanoise est un magnifique trail qui nous fait faire le tour des Glaciers de la Vanoise. Je l’avais fait l’année dernière, et les merveilleux souvenirs que j’en garde toujours m’ont poussé à retenter l’aventure une nouvelle fois.
Nous arrivons donc à Pralo avec Elisabeth le vendredi soir, pour passer 3 jours dans la cadre exceptionnel qu’offre le Parc de la Vanoise.
Le samedi, veille de course, nous faisons une longue rando qui me permettra de me mettre en jambes. Nous partons du parking du Prioux pour nous rendre au col de la Valette. Le cadre est incroyable, je tâte du bout du pied l’eau rafraîchissante d’un lac de montagne. Nous sommes aux portes du Paradis J
13km et 1000m de dénivelé, voilà de quoi me plonger
sans transition dans le bain du TGV.
Nous repassons au village récupérer le dossard. On
nous informe que le départ sera donné à 3h30 au lieu de 4h, canicule oblige… Il
est vrai qu’il fait chaud… Très chaud…
Pour vous donner une idée de l’état d’esprit dans
lequel je me trouve, je vais faire un point rapide sur 2 points clés, qui
auront un fort impact sur mon périple en Vanoise.
Tout d’abord l’entrainement. Depuis novembre et ma
blessure au pied, c’est un peu compliqué. En revanche, cela va beaucoup mieux
depuis 1 mois, et j’arrive à sortir 4 à 5 fois la semaine, pour 75km en
moyenne. Par contre, question dénivelé, c’est zéro de chez zéro. A part les 2
courses faites en Ecouves et à la Ville au Clerc, je n’ai rien eu à me mettre
sous la dent… Ca promet.
Deuxième point. Le matériel. J’ai décidé de ne pas
prendre de bâtons : je ne sais pas m’en servir efficacement, donc cela
risque de me porter préjudice plus qu’autre chose. J’ai également du investir
dans un camelback supplémentaire pour ajouter 1.5L au 1.2L que m’offrent les
gourdes. Je vais également courir avec des Brooks Cascadia, que je n’ai mis
pour l’instant que 2 fois… Pas génial, mais elles m’ont l’air impeccables.
Samedi soir, veille de course, nous rejoignons
Arnaud Chartrain, sa femme Marion et leur fille pour dîner. Arnaud est un
costaud. Originaire du Perche, c’est un coureur sanglier ascendant bouquetin.
Il terminera 4ème de la course : chapeau bas !!!
Dimanche matin, levé 1h30. Sur les conseils
d’Arnaud, je me lève tôt, pour avaler un morceau, puis me recouche. Levé numéro
2 : 2h45. Je ne fais pas de bruit pour ne pas réveiller Elisabeth qui dort
à points fermés (normal à cette heure ci). Je vérifie mon sac, et me dirige
vers le départ.
J’observe rapidement les traileurs et traileuses du
jour ; pas de toute, il n’y a que du costaud. On ne se lance pas comme ça
sur une telle course, et à la différence de certaines courses de plaines, il n’y
a ici que très peu de place à l’improvisation…
3h30, le départ est donné : nous nous élançons
à travers la rue principale de Pralognan, en direction de la première
ascension. 8km et 1100m de dénivelé pour nous amener au refuge du Col de la
Vanoise. L’ascension se passe bien. Il fait bon (normal, il n’est pas 4h
du mat’) ; déjà une 20aine de degrés tout de même. Je me suis mis dans les 50
pour ne pas trop m’enflammer, et tester les sensations du jour. Je souffre pas
mal de ne pas avoir de bâtons. Je me rappelle alors l’aide précieuse qu’ils
m’avaient apporté sur la CCC lors des montées. La mémoire est décidément très
sélective. En temps normal, je ne me souviens que des crampes aux bras qu’ils m’avaient
apportés ; mais maintenant que je suis entrain de me manger une ascension
de 1100m sur 8km, voilà que ma mémoire me rappelle le soulagement qu’ils m’avaient
apportés sur les côtes de la CCC.
Je suis d’ailleurs un des seuls à ne pas en avoir…
Enseignement important pour l’endurance trail !
L’arrivée en haut du col (2517m d’altitude) est
juste époustouflante : on traverse le lacs des vaches puis 2 ou 3 cours
d’eau. Passé la première demi-heure, je commence à me sentir à l’aise ;
les jambes répondent présentes ; la journée s’annonce belle. Je mets 1h20 tout
rond pour arriver au premier ravito, ce qui est bon signe. Je ne m’arête que
très rapidement, recharger les 2 gourdes et manger un morceau.
Je m’élance ensuite vers le 2nd ravito.
Il est maintenant bientôt 5h ; nous courrons toujours à la frontale et partons
à travers les chemins pierreux du parc de la Vanoise. Comme l’année passée, je
souffre de mon manque d’entrainement en montagne. Les foulées sont peu
assurées, et j’ai du mal à courir en descente car j’ai peur de me faire une
cheville. J’enrage du temps perdu à hésiter entre chaque rocher, mais me dis
que je l’ai bien cherché.
Nous passons par des endroits magnifiques. Nous
traversons un champ de pierres qui me rappellent les rochers bretons. Je me
perds une première fois, car le balisage dans le parc est plus que léger :
le GR passait dans le bas ; je me suis quant à moi élancé à l’ascension de
ce gros piérré que je vais finalement traverser dans sa largeur en sautant
d’un rocher à l’autre tel un bouquetin maladroit.
En reprenant le GR, j’ai du perdre pas mal de
places quand je vois des coureurs qui n’ont pas l’air d’avoir passé la nuit
dans cet endroit, contrairement à moi. Grrrrr…. Ca commence bien !!!
1 petit kilomètre plus loin, me voici traversant un
névé, qui se termine dans un lit de cours d’eau. J’ai les pieds trempés !!
Il ne manquait plus que ça… Je vais donc courir les pieds mouillé pendant
presque 60km ; sympa…
Bon an mal an, je rejoins le 2nd ravito,
au km22 (2309m d’altitude). Je suis bien dans ma course ; les sensations
sont bonnes ; mais je n’arrive pas à courir dans tous ces cailloux : je
mets 1h53 pour parcourir les 15km qui séparent le premier du 2nd
ravito ! Je rempli mon sac, mange un morceau, et file rapidement vers le 3ème
ravito de Plan Sec. A nouveau 15km de chemins vallonnés et très bien pourvus en
cailloux. Si mes souvenirs sont bons, il doit maintenant etre 6h30 // 7h00.
Les choses vont à présent commencer à se corser
sérieusement. Le soleil pointe le bout de son nez, et le calvaire peut
commencer.
Les températures vont monter au-delà des
30°C ; les chemins ne sont jamais plats. Les montées se passent bien, mais
je n’arrête pas de repenser au temps que j’aurai gagné si j’avais eu des
bâtons. Les bâtons permettent de s’économiser, favorisant une foulée plus
rapide et dynamique en montée, rendant la relance sur le replat bien plus aisée…
En descente, je suis au plus mal. Je n’arrive pas à me lâcher et mes foulées
sont donc plus qu’hasardeuses. J’ai du mal à prendre du plaisir sur cette section
qui n’en finit pas.
La première partie de cette portion commence par
une petite montée de 300mD+, histoire de se réchauffer comme il se doit. Nous
allons ensuite alterner en le sentier-balcon qui longe la montagne, et nous
permet d’admirer la beauté de cet endroit, et quelques raidillons qui rendent
la chaleur insoutenable.
Le refuge de plan sec se situe au-dessus de
l’imposant barrage d’Aussois. Nous sommes à mi-course. J’ai mis 2h25 pour
parcourir les 16km qui nous amènent à Plan Sec ! Je suis à 8.55 au kilo
sur cette portion que j’escomptais plus bénéfique en gain de temps… Il est 9h,
et je peux dire adieux à mes objectifs de chronos. Mais je prends du recul !
J’ai zéro entrainement dénivelé depuis quelques temps ; je suis mauvais en
descente, surtout quand il y a des cailloux partout ; je n’ai pas de
bâtons ; il fait un canyard sans nom !!!
Malgré cela, j’arrive à me maintenir dans les 50
premiers, et fait la course avec le même groupe de trailers depuis le début, ce
qui veut dire que je ne suis pas le seul à en baver aujourd’hui. Bon, je me
suis quand même fait doubler par la première féminine, sans avoir su trouver
les forces pour essayer de l’accrocher (elle était impressionnante !),
mais je discute avec quelques autres coureurs, et la journée est des plus conviviale.
Je profite du ravito de plan sec pour m’arrêter 10
bonnes minutes et faire le point sur la situation. Je tergiverse depuis 2
bonnes heures sur ma course : j’ai chaud ; je peine en descente et
n’arriverai donc à pas grand-chose aujourd’hui. D’un autre côté, je n’ai pas
envie d’abandonner car le défi est de taille : courir 73km sous cette
chaleur va m’apprendre à gérer une course longue et éreintante, et contribuer à
m’améliorer sur la partie hydratation et alimentation.
Remonté comme une pendule, je m’élance vers le 4
ravitaillement : le refuge de l’Orgère, au km50. Nous redescendons vers le
lac du barrage d’Aussois. Je croiserai Aurélie, qui avait fait mon assistance
sur la CCC : le monde est décidément petit J Je m’arête lui dire bonjour,
et repars en direction de l’ascension qui nous attend de l’autre côté du
barrage. Une jolie montée exposée au soleil. J’arrive en haut cuit comme un
œuf. Je pense que je suis à point : je pourrai me bouffer un bras !
Je n’en peu plus et décide de m’arrêter 5min. Je
sors la crème solaire, bois un coup et mange un morceau. Je me pose quelques
minutes car la montée sous cette chaleur m’a littéralement fait exploser.
Bizarrement, cette pause me fait le plus grand bien. Je repars en trottinant,
et retrouve des sensations que je n’avais pas encore connues de la
course !
Nous continuons à courir sur les sentiers-balcons,
et passons à côté des pâturages dans lesquels il ne faut pas se perdre. Nous
entreprenons une grande descente en lacets dans laquelle je suis au plus mal.
Je me mets à repenser aux conseils d’Arnaud : se relâcher et laisser
aller. Les kilomètres passent et plus nous redescendons, plus je suis bien.
Nous arrivons dans une forêt de sapins où la fraîcheur est appréciable. Les
sensations reviennent et je passe quelques coureurs sur cette portion que
j’apprécie particulièrement. J’arrive à relancer la machine et cours avec
plaisir sur cette portion enfin roulante.
Nous sommes au km45, et je peux enfin
courir !!! Youhouuuu J
Vers 11h, je ressors du bois et arrive au 4ème
ravitaillement : le refuge de l’Orgère. Nous sommes au km50, et à 1950m
d’altitude. J’ai mis 2h00 pour boucler les 12km qui séparent Plan Sec de l’Orgère.
9.45 au kilo sur cette portion, sans me faire passer : la chaleur est de
la partie !! Je suis en revanche plutôt bien en arrivant au ravito, mais
il reste encore 24km, dont cette bonne vieille montée du col de Chavière. Je
m’arrête bien 5-10 minutes pour faire le plein et m’hydrater, car la portion
restante est en plein soleil ! Au ravito, je retrouve les mêmes coureurs
que depuis le refuge de l’Arpont. Nous sommes tous à l’agonie, ce qui me
rassure sur la normalité de mon propre état, et me remotive pour la fin de
course.
Nous attaquons l’ultime ascension de la
course : 950m de D+ en 5km. Un vrai calvaire. Nous cuisons sous le soleil
caniculeux ce qui me coupera les jambes pour la fin de course. La première
partie, sous les sapins, est très abrupte. La fin de l’ascension, qui nous
amène vers le col de Chavière, est plus raisonnable, et permet même quelques
relances. Au bout d’1h30, nous apercevons le point culminant de la course
au-delà des 2850m d’altitude. La fin de l’ascension se fait les pieds dans la
neige. Nous passons le col aidés par les CRS, qui veillent à ce que personne ne
chute.
Arrivé en haut, la vue est époustouflante !!!
Je m’arrête 2min pour reprendre mon souffle, boire un coup et manger un
morceau. Car la course n’est pas terminée : il nous reste maintenant 17km
de descente !
La première portion nous amène vers le refuge de
péclet Polset (2450m) au km60(2h13 pour y arriver depuis l’Orgère !). Les
pieds dans la neige, nous dévalons la montagne tels des bouquetins. J’ai de la
neige plein les chaussures, et vais donc finir cette course les pieds trempés,
comme je l’avais commencée. Super… Je suis ra-vi !
Manquait plus que ça : une ampoule fait son
apparition sur un de mes talons. Un mauvais cailloux, associé à de la mauvaise
neige, et me voilà parti pour apprécier chaque foulée jusqu’à la ligne
d’arrivée…
Du refuge de Péclet à Pralognan, il y a 13km… 13km
de descente qui n’en finit pas… Que c’est long…
Par chance, à 5km de l’arrivée, je discute avec 2
personnes fort sympathiques ; nous nous encouragerons mutuellement et
arriverons ensembles à Pralo.
Mais les bonnes sensations que j’avais avant la
grande ascension du col de Chavière se sont évanouies. Moi qui pensais faire
une descente supersonique, je vais me trainer lamentablement jusqu’à la ligne
d’arrivée, telle une bête blessée J
13.7km de descente pourtant très roulants, à un malheureux 10km/h de moyenne…
Moi qui pensais envoyer du bois pour y gratter 15-20min, ce sera pour une
prochaine fois !
Mais voila, toute belle chose a une fin… 11h25 plus
tard, me voici donc finisher de cette très belle course à la 40ème place (600 partants, 336 finishers)
J’en ai rarement bavé de la sorte, voire jamais, à
vrai dire. Je ne suis pas ravi de mon temps, mais suis très fier d’être parvenu
à rester dans la course, malgré des conditions dantesques.
Par ailleurs, je retire quelques enseignements qui
me permettront d’abord l’endurance trail des templiers de la meilleure des
manières :
1/ je n’ai pas eu de crampes ! J’en conclus
que mon alimentation se passe de mieux en mieux
2/ j’irai plus vite avec des bâtons
3/ je dois m’entrainer en descente, dans les
cailloux, pour gagner en assurance et courir plus relâché
Une fois de plus, je repars aux anges de mon
week-end à Pralo.
Une balle balade avec Elisabeth le samedi, et une
grosse rando le dimanche : quoi de mieux pour passer un week-end sportif
dans les Alpes ?