lundi 6 juillet 2015

Réçit de course. Trail des Glaciers de la Vanoise. 600 partants. 73km. 3800mD+.


Et c’est reparti pour un tour ! Le tour des glaçiers de la Vanoise est un magnifique trail qui nous fait faire le tour des Glaciers de la Vanoise. Je l’avais fait l’année dernière, et les merveilleux souvenirs que j’en garde toujours m’ont poussé à retenter l’aventure une nouvelle fois.

Nous arrivons donc à Pralo avec Elisabeth le vendredi soir, pour passer 3 jours dans la cadre exceptionnel qu’offre le Parc de la Vanoise.

Le samedi, veille de course, nous faisons une longue rando qui me permettra de me mettre en jambes. Nous partons du parking du Prioux pour nous rendre au col de la Valette. Le cadre est incroyable, je tâte du bout du pied l’eau rafraîchissante d’un lac de montagne. Nous sommes aux portes du Paradis J


13km et 1000m de dénivelé, voilà de quoi me plonger sans transition dans le bain du TGV.

Nous repassons au village récupérer le dossard. On nous informe que le départ sera donné à 3h30 au lieu de 4h, canicule oblige… Il est vrai qu’il fait chaud… Très chaud…

Pour vous donner une idée de l’état d’esprit dans lequel je me trouve, je vais faire un point rapide sur 2 points clés, qui auront un fort impact sur mon périple en Vanoise.

Tout d’abord l’entrainement. Depuis novembre et ma blessure au pied, c’est un peu compliqué. En revanche, cela va beaucoup mieux depuis 1 mois, et j’arrive à sortir 4 à 5 fois la semaine, pour 75km en moyenne. Par contre, question dénivelé, c’est zéro de chez zéro. A part les 2 courses faites en Ecouves et à la Ville au Clerc, je n’ai rien eu à me mettre sous la dent… Ca promet.

Deuxième point. Le matériel. J’ai décidé de ne pas prendre de bâtons : je ne sais pas m’en servir efficacement, donc cela risque de me porter préjudice plus qu’autre chose. J’ai également du investir dans un camelback supplémentaire pour ajouter 1.5L au 1.2L que m’offrent les gourdes. Je vais également courir avec des Brooks Cascadia, que je n’ai mis pour l’instant que 2 fois… Pas génial, mais elles m’ont l’air impeccables.

Samedi soir, veille de course, nous rejoignons Arnaud Chartrain, sa femme Marion et leur fille pour dîner. Arnaud est un costaud. Originaire du Perche, c’est un coureur sanglier ascendant bouquetin. Il terminera 4ème de la course : chapeau bas !!!

Dimanche matin, levé 1h30. Sur les conseils d’Arnaud, je me lève tôt, pour avaler un morceau, puis me recouche. Levé numéro 2 : 2h45. Je ne fais pas de bruit pour ne pas réveiller Elisabeth qui dort à points fermés (normal à cette heure ci). Je vérifie mon sac, et me dirige vers le départ.



Je retrouve Arnaud avec qui je ferai un micro footing de chauffe. Nous entrons dans le sas de départ à 3h25 remontés à bloc, et prêts à en découdre.

J’observe rapidement les traileurs et traileuses du jour ; pas de toute, il n’y a que du costaud. On ne se lance pas comme ça sur une telle course, et à la différence de certaines courses de plaines, il n’y a ici que très peu de place à l’improvisation…

3h30, le départ est donné : nous nous élançons à travers la rue principale de Pralognan, en direction de la première ascension. 8km et 1100m de dénivelé pour nous amener au refuge du Col de la Vanoise. L’ascension se passe bien. Il fait bon (normal, il n’est pas 4h du mat’) ; déjà une 20aine de degrés tout de même. Je me suis mis dans les 50 pour ne pas trop m’enflammer, et tester les sensations du jour. Je souffre pas mal de ne pas avoir de bâtons. Je me rappelle alors l’aide précieuse qu’ils m’avaient apporté sur la CCC lors des montées. La mémoire est décidément très sélective. En temps normal, je ne me souviens que des crampes aux bras qu’ils m’avaient apportés ; mais maintenant que je suis entrain de me manger une ascension de 1100m sur 8km, voilà que ma mémoire me rappelle le soulagement qu’ils m’avaient apportés sur les côtes de la CCC.



Je suis d’ailleurs un des seuls à ne pas en avoir… Enseignement important pour l’endurance trail !

L’arrivée en haut du col (2517m d’altitude) est juste époustouflante : on traverse le lacs des vaches puis 2 ou 3 cours d’eau. Passé la première demi-heure, je commence à me sentir à l’aise ; les jambes répondent présentes ; la journée s’annonce belle. Je mets 1h20 tout rond pour arriver au premier ravito, ce qui est bon signe. Je ne m’arête que très rapidement, recharger les 2 gourdes et manger un morceau.

Je m’élance ensuite vers le 2nd ravito. Il est maintenant bientôt 5h ; nous courrons toujours à la frontale et partons à travers les chemins pierreux du parc de la Vanoise. Comme l’année passée, je souffre de mon manque d’entrainement en montagne. Les foulées sont peu assurées, et j’ai du mal à courir en descente car j’ai peur de me faire une cheville. J’enrage du temps perdu à hésiter entre chaque rocher, mais me dis que je l’ai bien cherché.

Nous passons par des endroits magnifiques. Nous traversons un champ de pierres qui me rappellent les rochers bretons. Je me perds une première fois, car le balisage dans le parc est plus que léger : le GR passait dans le bas ; je me suis quant à moi élancé à l’ascension de ce gros piérré que je vais finalement traverser dans sa largeur en sautant d’un rocher à l’autre tel un bouquetin maladroit.

En reprenant le GR, j’ai du perdre pas mal de places quand je vois des coureurs qui n’ont pas l’air d’avoir passé la nuit dans cet endroit, contrairement à moi. Grrrrr…. Ca commence bien !!!

1 petit kilomètre plus loin, me voici traversant un névé, qui se termine dans un lit de cours d’eau. J’ai les pieds trempés !! Il ne manquait plus que ça… Je vais donc courir les pieds mouillé pendant presque 60km ; sympa…

Bon an mal an, je rejoins le 2nd ravito, au km22 (2309m d’altitude). Je suis bien dans ma course ; les sensations sont bonnes ; mais je n’arrive pas à courir dans tous ces cailloux : je mets 1h53 pour parcourir les 15km qui séparent le premier du 2nd ravito ! Je rempli mon sac, mange un morceau, et file rapidement vers le 3ème ravito de Plan Sec. A nouveau 15km de chemins vallonnés et très bien pourvus en cailloux. Si mes souvenirs sont bons, il doit maintenant etre 6h30 // 7h00.

Les choses vont à présent commencer à se corser sérieusement. Le soleil pointe le bout de son nez, et le calvaire peut commencer.

Les températures vont monter au-delà des 30°C ; les chemins ne sont jamais plats. Les montées se passent bien, mais je n’arrête pas de repenser au temps que j’aurai gagné si j’avais eu des bâtons. Les bâtons permettent de s’économiser, favorisant une foulée plus rapide et dynamique en montée, rendant la relance sur le replat bien plus aisée… En descente, je suis au plus mal. Je n’arrive pas à me lâcher et mes foulées sont donc plus qu’hasardeuses. J’ai du mal à prendre du plaisir sur cette section qui n’en finit pas.

La première partie de cette portion commence par une petite montée de 300mD+, histoire de se réchauffer comme il se doit. Nous allons ensuite alterner en le sentier-balcon qui longe la montagne, et nous permet d’admirer la beauté de cet endroit, et quelques raidillons qui rendent la chaleur insoutenable.

Le refuge de plan sec se situe au-dessus de l’imposant barrage d’Aussois. Nous sommes à mi-course. J’ai mis 2h25 pour parcourir les 16km qui nous amènent à Plan Sec ! Je suis à 8.55 au kilo sur cette portion que j’escomptais plus bénéfique en gain de temps… Il est 9h, et je peux dire adieux à mes objectifs de chronos. Mais je prends du recul ! J’ai zéro entrainement dénivelé depuis quelques temps ; je suis mauvais en descente, surtout quand il y a des cailloux partout ; je n’ai pas de bâtons ; il fait un canyard sans nom !!!

Malgré cela, j’arrive à me maintenir dans les 50 premiers, et fait la course avec le même groupe de trailers depuis le début, ce qui veut dire que je ne suis pas le seul à en baver aujourd’hui. Bon, je me suis quand même fait doubler par la première féminine, sans avoir su trouver les forces pour essayer de l’accrocher (elle était impressionnante !), mais je discute avec quelques autres coureurs, et la journée est des plus conviviale.

Je profite du ravito de plan sec pour m’arrêter 10 bonnes minutes et faire le point sur la situation. Je tergiverse depuis 2 bonnes heures sur ma course : j’ai chaud ; je peine en descente et n’arriverai donc à pas grand-chose aujourd’hui. D’un autre côté, je n’ai pas envie d’abandonner car le défi est de taille : courir 73km sous cette chaleur va m’apprendre à gérer une course longue et éreintante, et contribuer à m’améliorer sur la partie hydratation et alimentation.

Remonté comme une pendule, je m’élance vers le 4 ravitaillement : le refuge de l’Orgère, au km50. Nous redescendons vers le lac du barrage d’Aussois. Je croiserai Aurélie, qui avait fait mon assistance sur la CCC : le monde est décidément petit J Je m’arête lui dire bonjour, et repars en direction de l’ascension qui nous attend de l’autre côté du barrage. Une jolie montée exposée au soleil. J’arrive en haut cuit comme un œuf. Je pense que je suis à point : je pourrai me bouffer un bras !

Je n’en peu plus et décide de m’arrêter 5min. Je sors la crème solaire, bois un coup et mange un morceau. Je me pose quelques minutes car la montée sous cette chaleur m’a littéralement fait exploser. Bizarrement, cette pause me fait le plus grand bien. Je repars en trottinant, et retrouve des sensations que je n’avais pas encore connues de la course !

Nous continuons à courir sur les sentiers-balcons, et passons à côté des pâturages dans lesquels il ne faut pas se perdre. Nous entreprenons une grande descente en lacets dans laquelle je suis au plus mal. Je me mets à repenser aux conseils d’Arnaud : se relâcher et laisser aller. Les kilomètres passent et plus nous redescendons, plus je suis bien. Nous arrivons dans une forêt de sapins où la fraîcheur est appréciable. Les sensations reviennent et je passe quelques coureurs sur cette portion que j’apprécie particulièrement. J’arrive à relancer la machine et cours avec plaisir sur cette portion enfin roulante.

Nous sommes au km45, et je peux enfin courir !!! Youhouuuu J

Vers 11h, je ressors du bois et arrive au 4ème ravitaillement : le refuge de l’Orgère. Nous sommes au km50, et à 1950m d’altitude. J’ai mis 2h00 pour boucler les 12km qui séparent Plan Sec de l’Orgère. 9.45 au kilo sur cette portion, sans me faire passer : la chaleur est de la partie !! Je suis en revanche plutôt bien en arrivant au ravito, mais il reste encore 24km, dont cette bonne vieille montée du col de Chavière. Je m’arrête bien 5-10 minutes pour faire le plein et m’hydrater, car la portion restante est en plein soleil ! Au ravito, je retrouve les mêmes coureurs que depuis le refuge de l’Arpont. Nous sommes tous à l’agonie, ce qui me rassure sur la normalité de mon propre état, et me remotive pour la fin de course.

Nous attaquons l’ultime ascension de la course : 950m de D+ en 5km. Un vrai calvaire. Nous cuisons sous le soleil caniculeux ce qui me coupera les jambes pour la fin de course. La première partie, sous les sapins, est très abrupte. La fin de l’ascension, qui nous amène vers le col de Chavière, est plus raisonnable, et permet même quelques relances. Au bout d’1h30, nous apercevons le point culminant de la course au-delà des 2850m d’altitude. La fin de l’ascension se fait les pieds dans la neige. Nous passons le col aidés par les CRS, qui veillent à ce que personne ne chute.


Arrivé en haut, la vue est époustouflante !!! Je m’arrête 2min pour reprendre mon souffle, boire un coup et manger un morceau. Car la course n’est pas terminée : il nous reste maintenant 17km de descente !

La première portion nous amène vers le refuge de péclet Polset (2450m) au km60(2h13 pour y arriver depuis l’Orgère !). Les pieds dans la neige, nous dévalons la montagne tels des bouquetins. J’ai de la neige plein les chaussures, et vais donc finir cette course les pieds trempés, comme je l’avais commencée. Super… Je suis ra-vi !

Manquait plus que ça : une ampoule fait son apparition sur un de mes talons. Un mauvais cailloux, associé à de la mauvaise neige, et me voilà parti pour apprécier chaque foulée jusqu’à la ligne d’arrivée…

Du refuge de Péclet à Pralognan, il y a 13km… 13km de descente qui n’en finit pas… Que c’est long…

Par chance, à 5km de l’arrivée, je discute avec 2 personnes fort sympathiques ; nous nous encouragerons mutuellement et arriverons ensembles à Pralo.

Mais les bonnes sensations que j’avais avant la grande ascension du col de Chavière se sont évanouies. Moi qui pensais faire une descente supersonique, je vais me trainer lamentablement jusqu’à la ligne d’arrivée, telle une bête blessée J 13.7km de descente pourtant très roulants, à un malheureux 10km/h de moyenne… Moi qui pensais envoyer du bois pour y gratter 15-20min, ce sera pour une prochaine fois !

Mais voila, toute belle chose a une fin… 11h25 plus tard, me voici donc finisher de cette très belle course à la 40ème place (600 partants, 336 finishers)

J’en ai rarement bavé de la sorte, voire jamais, à vrai dire. Je ne suis pas ravi de mon temps, mais suis très fier d’être parvenu à rester dans la course, malgré des conditions dantesques.

Par ailleurs, je retire quelques enseignements qui me permettront d’abord l’endurance trail des templiers de la meilleure des manières :

1/ je n’ai pas eu de crampes ! J’en conclus que mon alimentation se passe de mieux en mieux

2/ j’irai plus vite avec des bâtons

3/ je dois m’entrainer en descente, dans les cailloux, pour gagner en assurance et courir plus relâché

Une fois de plus, je repars aux anges de mon week-end à Pralo.

Une balle balade avec Elisabeth le samedi, et une grosse rando le dimanche : quoi de mieux pour passer un week-end sportif dans les Alpes ?