jeudi 6 mars 2014

Trail du Bout du Monde 2013.

Pointe de la Bretagne, 7 Juillet, 57km, 1568mD+. Départ à 8h du matin.



L’Ecotrail de Paris s’étant bien passé, je me fixe comme objectif de participer aux templiers en Octobre. Il me faut donc participer à un trail avec un peu de D+ pour préparer cet évènement, parce que pour l’instant, c’est un peu maigre. Je jette mon dévolu sur le trail du bout du monde. Elisabeth, mon épouse, a une maison pas loin, ce qui facilite le côté logistique et nous permettra de passer un week-end sympathique.
Nous partons de Paris le vendredi soir et arrivons au Trez Hir (6h30 de route). Le samedi, on se la coule douce et je vais chercher mon dossard. Nous en profitons également pour aller encourager les participants du 18kil, et nous plonger dans l’ambiance de la course.
Le samedi soir, je m’envoie un plat de pâte à faire passer ce bon vieux Pantagruel pour un végétarien famélique ; je continue à me soigner un pieds qui me pose problème depuis l’Ecotrail et un genou qui grince un peu. Je suis plutôt frais, physiquement, mais je compte y aller molo pour ne pas aggraver mes gênes au pied et au genou.
Le dimanche matin, je me lève vers 7h30, Plouzané étant à moins de 15kilomètres de là où nous sommes. Ça commence mal, je n’ai pas bien digéré mon plat de pâtes ; je suis ballonné, et ne parviens pas à « m’alléger ». Je prépare donc mon camelback comme d’habitude, mais y ajouter du papier… On ne sait jamais.
Elisabeth a la gentillesse de m’amener à Plouzané.
8h27…28…29… PAN ! C’est parti.


La journée s’annonce splendide ! Pas un nuage à l’horizon, il fait un temps magnifique :-)
Le départ est un brin rapide. Je comprendrais plus tard lorsque j’apprendrai qu’il y a une version duo, dont le premier relayeur s’arrête au km 37.

Le profil de la course est alléchant. Nous allons longer la côte bretonne en empruntant le sentier des douaniers. Il y a un ravito au km 15 je crois, puis un plus important un 37, au phare de la Pointe Saint Mathieu, après lequel il ne nous restera plus qu’une boucle de 20k.
Je suis si ballonné que je revois ma stratégie et la simplifie. Je ferai une pause vidange au premier ravito, ensuite, je profite jusqu’au km37, et si les cannes le permettent, j’accélère pour les 20 derniers kilomètres.

Je passe donc les 15 premiers km au pas. Ce n’est vraiment pas agréable de courir dans ces conditions et je m’en veux de m’être montré aussi glouton. Le début de la course se passe en sous-bois. Il fait donc frais ; l’ambiance est chaleureuse ; chacun se plonge dans sa course et se construit son ‘monde’. Lorsque nous arrivons sur la côte, nous prenons pleine conscience de la chance que nous avons. Le paysage est magnifique.


Pendant plus de 50km, nous passerons notre temps à monter et descendre les falaises qui façonnent la superbe côte de la pointe bretonne. J’apprends pendant la course que nous longeons le sentier des douaniers, qui s’appelle ainsi car de nombreux contrebandiers tentaient d’accoster sur les plages qui jalonnent cette côte pour débarquer leur cargaison. Les douaniers venaient donc inspecter les lieux en empruntant le sentier que nous parcourrons pendant une bonne partie du trail.

Au niveau du km15, la résurrection se rapproche. Il y a des toilettes à côté du ravito. Impeccable ! J’en profite pour m’éclipser et solutionner le problème qui m’empêche de courir depuis le départ. Si j’en parle dans ce réçit, ce n’est pas par légèreté ; cela sera au contraire mon conseil de course n°1. Ne pas trop dîner les veilles de course ; engloutir 400gr de pâtes vous sera plus préjudiciable que bénéfique.
Je perds quelques précieuses minutes, qui me serviront de leçon, et repart le cœur léger, direction le Trez Hir avec en ligne de mire le phare de la pointe Saint Mathieu.
Le parcours est vraiment sympa. Les difficultés sont variées : des marches, des plages de sable fin, des plages de galets… Il y en a pour tout le monde et tous les goûts.
Je cours quelques km avec un marathonien dont le record perso est de 2h50 (!). Il n’a pas fait bcp de trails, mais il est affuté, et commence à accélérer un peu. Il fait vraiment trop chaud ce jour-là ; le soleil cogne et je lui conseille d’en garder sous le pied, au moins jusqu’au km37. Il décide néanmoins de s’envoler, passe la seconde, et file devant..
Je bois beaucoup, mais je me sens bien. Je ne ressens absolument aucune douleur au pied, ni au genou.
Le phare de la Pointe Saint Mathieu se rapproche ; j’arrive donc au ravito du km37 relativement frais. Je recharge mon camel et entame la dernière boucle de 20km. Cette fois-ci, je décide de me lâcher un peu, et j’enlève le frein à main.
Nous traversons un bras de mer, qui a le don de m’énerver car j’ai les pieds trempés. Mais oh ! C’est du trail, alors quoi de plus normal que de parsemer le parcours d’embûches 
Tiens, mais qui vois-je ? Mon ami marathonien n’est plus loin devant, et je le double assez rapidement. Cuit par le soleil, et à plus de 42km, je ne sais pas s’il finira la course… Leçon n°2 : un trail, ça se gère en suivant à la lettre le conseil de c’bon La Fontaine ‘Rien ne sert de courir, il faut partir à point’ ; bien que dans notre cas, il faille non seulement partir à point, mais également courir en gérant sa course. Bref ; en garder sous le pied presque jusqu’à la fin, telle est la réponse.
Je ne sais pas pour vous, mais perso, je trouve que les organisateurs de trails mettent un point d’honneur à concentrer une bonne partie des difficultés sur les fins de courses.
Au km 47, j’ai fait la moitié de la dernière boucle de 20kil ; il ne m’en reste plus que 10 : ça commence à sentir la ligne d’arrivée.
Mais il faudra le mériter pour avoir le sac TBM et le T-shirt finisher. Les 10 derniers km commencent par au bon km de tracé en plein milieu d’une plage de sable fin… Pratique pour avancer… D’autant plus que la plage est grande, et la sensation de ne jamais arriver au bout se fait longuette.
Une fois cette plage franchie, quelques km de repos nous amènent au pied d’une presqu’île dont le parcours est pour le moins casse-pattes… Il faut escalader des rochers pour avancer, en y allant avec les mains. Les jambes commencent à tirer, et je reçois un coup de fil d’Elisabeth qui m’engueule en me demandant de me dépêcher parce qu’elle a faim et qu’elle m’attend… UN COMBLE ! Je suis en train d’en suer, et je me fait engueuler… J’ai plus qu’à accélérer pour arranger la situation si je veux éviter de rentrer à Paris à pied, mais je me promet de mettre ma chère épouse au trail, qu'elle voit un peu ce par quoi l'on passe 
Les 2km casse-pattes de la presqu’ile franchis, je m’arrête 5min pour me reposer. Après tout, je ne joue pas la gagne, alors à quoi bon ! je remplis mon camel, et range mon téléphone qui a eu la mauvaise idée de me déranger. C’est reparti pour les 5 derniers km, qui commencent par une plage de galets ; excellent pour les chevilles !
Une fois cet ultime obstacle franchi, ne me reste plus qu’à mettre un pied devant l’autre, et me diriger vers le phare de la pointe Saint Mathieu.
Je franchi la ligne d’arrivée ravi. Pas une crampe, pas une douleur, un temps merveilleux et un parcours magnifique ! Et dire que certains lève-tard viennent très certainement de se réveiller… Ils ne savent vraiment pas ce qu’ils ratent.
Je boucle ce TBM en 5h37, 55è sur 440 partants et 305 arrivants.
Ma petite femme m'attendait à l'arrivée avec un grand sourire .. et un bon déjeuner de fruits de mer en récompense ! :-)

Il y a du boulot avant les templiers, mais je suis relativement content de moi, et surtout, ravi de ma journée !
Je repartirai de Bretagne avec de belles couleurs et un nouvel apprentissage : celui de contenir son appétit les veilles de course...




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