Récits de course. Trail des templiers. 27 Octobre
2013, 73km, 3400D+ (qui se transformeront en fait sur ma garmin 74km, 3800D+).
3043 dossards au départ.
Me voici sur le point de prendre le départ de la
course qui constitue mon objectif principal de l’année. Mes problèmes de
crampes sont résorbés ; j’ai dû accroître sensiblement mes volumes
d’entrainement, en cherchant à optimiser chacune de mes sorties (fractionnés
courts, fractionnés longs, sorties longues, entrainement en côtes > n’hésitez
pas à aller voir sur mon profil strava).
Je prends la route le samedi matin et me dirige
vers Millau, la « capitale du trail ». J’arrive sur place vers 16h,
ce qui me laisse le temps d’encourager l’arrivée des courses de l’après-midi,
et d’admirer les fameuses causses qui entourent le plateau de Millau.
Je rejoins des amis dont certains ont couru le
samedi, et 3 autres courront avec moi le dimanche matin. Ils ont loué une
maison à quelques encablures de Millau, et ont la gentillesse de
m’héberger.
J’ai tout de même plus de 6h de route dans les
pattes ; le samedi soir, je file donc me coucher vers 9h (si si, c’est
possible !) pour espérer dormir quelques précieuses heure avant de se
lever à 4h .
4h, nous nous levons et préparons nos sacs.
Vérification du matériel : Frontale, check ! Camel, check !
T-shirt de rechange, check ! Depuis quelques temps, je décide de courir
les trails avec un cuissard et des chaussettes montantes ; je trouve que
les cuisses et les mollets sont bien tenus, et que ça laisse respirer les genoux.
Je retiens les leçons de mes courses précédentes, et évite de trop m’habiller.
Il est 5h00 du mat. Je suis à Millau et m’apprête à
courir 74km dont la plupart sont soit en pente ascendante, soit descendante. Il
serait malhonnête de ne pas avouer que l’on se demande dans ces moments là ce
que l’on fout là…
5h14 ; je trépigne sur place. Je lance la
Garmin et ajuste ma frontale. La musique d’ERA commence à résonner dans nos
oreilles. PAN ! C’est parti ! La journée s’annonce longue, mais ô
combien magnifique J
Pour cette course, je décide de revoir un peu ma
stratégie. Les 3 premiers km sont plats, et sont suivis d’une première
difficulté de 3Km (400D+). Les 9km suivants seront relativement peu accidentés,
avant d’attaquer une descente de 400D- sur 7km.
Je m’élance donc assez rapidement, à un bon 13km/h
vers la première difficulté. Au pied de la montée, je décide de ralentir mon
allure, pour arriver en haut frais comme un gardon. Je me dis qu’une fois
arrivé en haut, nous viendrons de partir, et aurons déjà avalé 10% du déniv’.
Je mets un peu plus de 35min pour venir à bout de
cette première côte de 3km… Ca fait du 6 de moyenne… La ligne d’arrivée ne
s’est pas beaucoup rapprochée ; en revanche, l’horloge à bien tournée… Ce
n’est pas gagné.
En revanche, mon plan fonctionne et j’arrive en
haut frais comme un gardon ; je peux passer la 2nde, et me
diriger gaiement vers le ravito de Peyreleau, au km22. J’ai 2h07 de course dans
les pattes et suis en 353è place.
Je profite de la très bonne organisation de la course ;
je recharge mon camel en faisant bien attention à faire le plein.
Le prochain ravito n’est que 10km plus loin, mais
je me suis laissé entendre dire que le rejoindre n’est pas une mince affaire.
Je quitte le premier ravito et m’élance sur la 2nde
principale difficulté, qui est une côte de plus de 6km qui nous emmènera en
haut d’un causse. Il commence à faire jour et je profite de la faible allure de
la montée pour sympathiser avec un trailer de Toulouse, qui n’en est pas à son
coup d’essai. On fera un bout de chemin ensemble ; je partirai devant,
puis il me rattrapera et finirait je pense bien devant moi ! J
La seconde difficulté commence à me faire les
jambes. En haut de la côte, je cumule 3h00 de course, pour 27km et plus de
1000mD+… Psychologiquement, je me dis qu’il me reste moins de 50km ;
marche ou trail, c’est parti J
Il est 8h30 du matin ; je suis en haut des
causses de Millau. La vue est splendide. C’est vraiment un gros gavage ;
quel privilège d’être là… Il fait un temps magnifique. Par la suite, il fera
très chaud, mais pour l’instant, le temps est agréable.
J’arrive au 2nd ravito sans encombres,
au bout de 32km en 3h28, à la 358è place. Ca fait « presque » du
10km/h… ou plutôt 9… Mais je suis très surpris ; je m’attendais à pire.
L’entrainement semble porter ses fruits.
Je pars de Saint André, et me dirige vers la Roque
Sainte Marguerite. Je me rappelle encore ces petits chemins à travers la lande.
Je me demande comment les organisateurs ont bien pu tracer le parcours, parce
que l’on court vraiment au milieu de nulle part ! Qu’est ce que c’est
beau…
S’ensuit une longue descente vers La Roque Sainte
Marguerite où je retrouve une partie de la bande venue nous accompagner.
La longue descente vers la Roque est très dure pour
les jambes. 6km, 400D-. Impossible de doubler sans risquer de tomber. Il faut
prendre son mal en patiente. Certains semblent apprécier le fait d’avoir des
bâtons pour se trouver des appuis qui leur permettent de s’économiser.
Personnellement, je ne sais pas m’en servir, et ce n’est pas au bois de Boulogne
que je vais m’y mettre. Alors vaille que vaille, on déboule le sentier tant
bien que mal.
Je parcours quelques hectomètres avec un
sympathique trailer saisi de crampes. Il peste car il avait fait 9h et quelques
lors d’une édition précédente, mais semble résigné à faire moins bien cette
fois-ci. Et damned ; il faut croire que mon objectif secret de 9h est
vraiment trop optimiste… Bon, je ne le regretterai pas quand je verrai les perf
globales et mon classement final.
A la Roque, nous avons couru 42km, soit
l’équivalent d’un marathon, en 4h51.
Le ravito de Pierrefiche pointe le bout de son
nez ; il faut en revanche grimper le causse qui suit Sainte Marguerite
avant de pouvoir recharger le camel. Il est 10h30 et le soleil commence à
cogner. Je commence à avoir soif, mais je passe la montée à discuter avec mon
co-trailer du jour, qui me raconte ses différentes péripéties, alors qu’un
autre acolythe me parle de ses fractionnés en côtes avec je ne sais plus quelle
star du trail. Bon OK… Perso, à part les 25 bosses que j’ai fais une fois, je
n’ai rien de bien glorieux à raconter, je suis un peu le petit bras de la
bande.
On arrive gentiment au ravito de Pierrefiche, au
km46, et franchement, je commence à en avoir plein les pattes. On doit être à
presque 2000 de D+, qui plus est assez ardu ; il fait chaud, et me soucis
est de rester bien hydraté pour éviter que mes fameuses crampes ne viennent
gâcher la fête.
La prochain ravito, à La Cade, n’est qu’à 15km…
Mais quels 15km.
Ce sont de bons petits plaisantins les
organisateurs… Mon Garmin me situe au ravito de Pierrefiche au km46 et non au
km50. En revanche, le ravito de La Cade sera bel et bien au km65 ! J
Je comprends donc que ces 20km vont se jouer au
mental. Pas question de baisser les bras, mais pas question de s’enflammer. Ce
ne sont qu’enchainements de montées abruptes et descentes à pic. Les sentiers
sont très techniques ; il faut faire attention à ne pas chuter ; hors
l’attention n’est pas à son paroxisme, la chaleur n’aidant pas vraiment à se
concentrer correctement.
Les 10 premiers km de cette portion se passent
bien ; en revanche, au km55, les difficultés commencent. Une bonne
ascension de 350mD+ en pleine nature commence à tirer sur les jambes.
Franchement, je n’en peu plus et commence à être bien éreinter.
Quand je dis que les organisateurs gardent le
meilleur pour la fin… Lorsque vous arrivez en haut, vous ne demandez pas
grand-chose… 1km de plat pour se remettre en jambes ? Même demandés
gentiment ? Et bien non, c’est reparti pour une descente casse pattes de
400mD-. Je m’en souviens de celle-là. Elle fait partie de ces descentes où vous
vous dites que vous préférez tout compte fait une bonne montée J
Je n’avance pas vraiment… Mais ne me fait pas
vraiment doubler non plus. La chaleur semble forcer tout son monde à lever le
pied pour éviter la déshydratation.
Il est vraiment primordial de s’écouter, et ne pas
s’emballer. Les jambes tirent, et vous ressentez un début de sensation de
soif ? Levez le pied, c’est un conseil. Sinon, comme de nombreux coureurs
ce jour-ci, vous ne terminerez pas la course, et franchement, faire 1300km dans
le w-e pour finir se le bord du chemin, ce n’est pas une option.
Arrivé au km63, je me dis que le ravito n’est pas
loin. Le ravito n’est pas loin : 3km. L’arrivée n’est pas loin :
10km. J’en suis à 8h de course ; je me dis que finalement, les 9h sont
peut etre jouables ?
Mais c’était sans compter sur le sens de l’humour
des organisateurs… Aaaa, je les entends rire d’ici les orgas…. Du km63 au km66,
cela m’a prit 1h… Et je ne me suis pas même fait doubler ! Ce n’est même
plus de la marche, à ce niveau là ! Mais pour vous donner une idée de la difficulté,
imaginez vous une falaise de bord de mer qu’il faut escalader, en ayant plus de
60km et 3000mD+ dans les jambes… On lève les cuisses, et on pousse. Chaque
foulée est un défi ! Mais on sait que l’on s’approche.
Je finis par arriver au dernier ravito : La
Cade (je crois que c’est la ferme du Cade, plus précisément). ENFIN ! 9h00
de course ; 66km au compteur ; près de 3500mD+ et une étonante 287è
place.
Je m’attarde un peu, prend du solide, parce que je
commence à avoir faim (il est 13h15), et remplis mon camel pour la
dernière section.
Je regarde mon Garmin et le deniv m’indique que la
totalité à été grimpé. Je crois mon salut arrivé et m’envole joyeusement vers
la ligne d’arrivée.
La descente est technique et il ne faut pas se
rater, mais au km70, en me croyant arriver la désillusion est énorme. Quelqu’un
me dit que « la dernière difficulté se présente à nous ». J’ai soif,
il fait chaud, et subitement, la joie de l’arrivée fait place au désarroi de
l’inconnu. Je perds mes repères, ne sachant plus combien de km restent à
parcourir.
La dernière ascension de 300mD+ est un véritable
chemin de croix. En file indienne, nous nous acheminons vers le dernier point
culminant de la journée. Nous avons tous chaud et personne ne fait le malin.
Nous laissons de nombreuses victimes de la chaleur sur le côté, et nous faisons
doubler par des trailers qui ont mieux géré que nous.
Arrivé en haut, les dés sont jetés. Une âme
généreuse m’indique que l’arrivée est 3km plus bas. Le chemin est assez
rugueux, avec bcp de cailloux. Je crois que c’est à ce niveau que nous passions
par la grotte du hibou (mes souvenirs sont vagues). Je fais surtout attention à
ne pas cramper, et à ne pas tomber.
Au bout de 10h22, 74km, 3800mD+, je franchis la
ligne d’arrivée en FINISHER, à une belle 289è place.
Je suis ravi. Je voulais faire un top 10%, ce qui
est fait ! Mais surtout, je me suis fais plaisir du début à la fin. Un
paysage vraiment somptueux, avec des difficultés qui m’apportent une solide
expérience pour mes débuts en trail.