Mais pour continuer dans de bonnes conditions, je me suis fait une sorte de pacte. Tirer les conclusions de mes expériences malheureuses, et surtout, solutionner ce vilain problème de crampes. Je lis quelques blogs, et m’entends dire que j’ai peut-être une carence en magnésium.
Je commence donc à faire des sorties longues, au moins 2 par mois. Je fais une cure de magnésium. Je finis par comprendre que le dénivelé est un paramètre important de l’entrainement trail.
SI je parviens à me faire plaisir sur les 80km, je continue le trail.
SI je souffre de crampes et que le tout se transforme en long chemin de croix, alors c’est que ce je ne suis pas fait pour ce sport.
Me voici donc sur la ligne de départ de l’Ecotrail, remonté à bloc et prêt à en découdre comme jamais ! Il n’a pas fait très beau les jours précédant la course ; ça s’annonce boueux, en revanche, le jour J, le temps est plus clément. Il y a très peu de bitume : juste un peu sur le finish ; tant mieux pour les tendons !
Niveau vestimentaire, j’ai un T-shirt avec un haut supplémentaire, un collant, et un camel bien rempli. A postériori, un peu chargé, un peu chaud, mais moins que lors de la Sainté.
J’attaque l’Ecotrail avec Julien, comme d’hab.
Notre stratégie est simple : commencer très doucement, pour emmagasiner des km sans se fatiguer, et accélérer si on a encore du jus. Je ne suis pas là pour faire une performance, mais voir si je peux boucler un trail sans avoir trop de crampes, en prenant du plaisir de A à Z.
Quand je vous dis qu’il y avait de la boue, je peux vous assurer que je ne bluffe pas :
Le premier ravito est au km22. C’est loin mais cela permet d’arriver en se disant que l’on a déjà bien avancé. Notre allure est très lente. On est à tout juste 10km/h en moyenne. On ne force pas et on se fait plaisir. La première partie est assez monotone. Il faut prendre tout de même quelques portions goudronnées pour sortir de Saint-Quentin et rejoindre les forêts avoisinantes.
Malheureusement, Julien se blesse au genou et est obligé de s’arrêter pour ne pas aggraver les choses ; c’est aussi ça le trail. Il faut savoir s’écouter, et arrêter quand notre corps dit « stop ».
A mon rythme de Sénateur, j’arrive frais en 355è place au 1er ravito. Je perds un peu de temps à régler mes problèmes « de digestion » et commet une erreur : je ne remplis pas à fond mon camel.
Je n’ai pas fait attention, et m’en rendrai compte un peu plus tard.
Entre Buc et l’observatoire de Meudon, je dois dire que j’ai pris énormément de plaisir ! Se dire que l’on va de Saint Quentin à Paris, uniquement à travers bois, c’est exceptionnel. Le dénivelé reste gentil, et le temps se prête à merveille à la pratique d’un trail agréable et sans soucis.
Aux alentours du km30, je n’ai plus d’eau ! Ce n’est pas possible ! Moi qui suis sujet aux crampes, courir un trail sans eau, c’est un peu comme courir dans le désert sous le cagnard. Je ralentis donc l’allure, pour m’économiser au maximum. Plus d’objectif temps ; mon seul but sera de finir ce trail, sans trop souffrir. Je n’ose pas demander une gorgée par ci par là. L’ambiance en trail est toujours excellente, et l’entre-aide est une règle à laquelle personne ne déroge mais je n’ai pas envie d’assécher d’autres participants, et décide de gérer ma course en fonction.
Il me reste une bonne 15aine de km avant le 2nd ravito. A mon allure, cela fait une grosse heure et demie. Je ralentis un chouilla, vais au pas dans les montées, et avance à la sensation.
Je rallie le 2nd ravito, situé au km44 en 4h46, à la 261è place. J’en ai donc repris finalement un peu, mais je suis loin de mes objectifs.
Je décide de passer du temps à ce ravito, pour me ressourcer, et me réhydrater : je bois correctement, mais pas trop, m’étire longuement, et me dis que tout va maintenant se jouer.
Finalement, les 15km passés à trottiner m’auront permis de m’amener à mi-course frais comme un gardon ! Psychologiquement, les voyants sont au vert : on est à plus de mi-parcours, je n’ai pas de crampes malgré le manque d’eau pendant 1h30, et les muscles répondent bien.
De l’observatoire de Meudon, la vue domine Paris et vous gonfle le moral. Il reste encore une grosse 20aine de km avant la sortie du Parc de Saint Cloud. Cette partie de course est vraiment agréable. Vous courez dans les bois sur des sentiers très peu techniques. Il y a de la feuille, les appuis sont bons, il n’y a qu’à profiter et se faire plaisir. Le chrono n’est clairement plus jouable, alors autant finir la course dans de bonnes conditions. Après tout, je dois rentrer dans le Perche dans la foulée me faire un bon gueuleton. D’ailleurs, cela me fait penser qu’une de mes motivations principales est une bonne bière fraîche à l’issue de la course. Cela permet de garder le moral au beau fixe, et de penser à un breuvage un peu plus réjouissant pour les papilles que les boissons énergétiques que nous buvons pendant ces longues épopées.
Quelques bonnes côtes sont là pour nous rappeler que les alentours de Paris sont bien vallonnés, et que l’Ecotrail a également son lot de réjouissances à proposer aux barjots qui le courent.
Je gagne une 30aine de places au 3ème ravito. Je m’en souviens comme si c’était hier. Une grande descente dans je ne sais plus quels bois vous y amène. Vous entendez le fan club battre le tambour sur presque 2km, ce qui vous donne du baume au cœur. On ne s’y attarde pas, on contourne un lac, et là, on sait qu’on tient le bon bout ! Plus que 25km une fois sorti du sas, dont 10 de finish sur les quais ! La messe est dite, on accélère un peu.
Il est 6 heures du soir. Il fera nuit dans 1h ! Merde ! Je n’ai presque pas de piles dans ma frontale… bon, on verra plus tard. De Chaville à Saint-Cloud, le parcours est original. On sent que l’on se rapproche de la civilisation, mais on reste dans les bois. On contourne des lacs, avec des belles côtes qui cassent un peu l’allure. Nous traversons la forêt domaniale de Fausses Reposes, avant de redescendre vers le parc de Saint Cloud. Le dernier ravito, dans le Parc de Saint Cloud, est le même qu’il y a 2 ans pour le 50km. J’arrive donc à me situer dans le temps, et sait ce qui m’attend après.
Je prends mon temps, rempli mon camel, car j’ai soif, ce qui n’est pas bon signe. J’ajuste ma frontale qui dont la lumière n’est pas très franche, et m’apprête à me diriger vers la ligne d’arrivée.
J’ai encore gratté quelques places, je suis maintenant 183è !!! RA-VI !
Dès la sortie du ravito commence une descente assez raide qui vous amène sur les quais de Seine. Le problème est que la faible lumière de ma frontale de ne me permet pas de cerner les gros cailloux qui jalonnent le parcours. Je me cogne donc le pied plusieurs fois (j’en perdrais 2 ongles, beurk !), ce qui m’énerve (j’ai un sale caractère, surtout quand je commets des erreurs et en paie le prix cash).
Mes pieds deviennent douloureux et mes foulées moins agréables. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même, et je sais que bien qu’il ne reste qu’une dizaine de km, le finish est psychologiquement compliqué. Lorsque vous arrivez sur les quais, il vous reste 8 bons kilos. La monotonie du parcours, et la vue régulière sur une tour Eiffel qui ne se rapproche pas, ajouté aux jambes qui commencent à s’alourdir, donne un cocktail peu revigorant.
Mais je n’ai pas fait tous ces km pour flancher là ! Je baisse la tête, et pense au joyeux gueuleton qui m’attend dans le perche. Il est 8h ; j’ai faim ; j’ai soif ; il est temps de passer à table.
Je grignote quelques places, en perds d’autres, et arrive bonan malan à passer la ligne d’arrivée en finisher ! :-)
Je suis ravi de mon trail ! Certes, je n’ai clairement pas atteint mes objectifs temps ; en revanche, je n’ai pas eu de crampes, j’ai pu tenir la distance (c’est mon premier 80 !), et n’ai pas eu de soucis majeurs.
A l’avenir, je reverrai clairement mes stratégies de course, mais à ce moment, mon objectif était de finir la course dans de bonnes conditions ! Mission accomplie ! Prochain épisode début Juillet pour le TBM !