Cette Saintélyon 2010 présente 68km de parcours partagés, si mes souvenirs sont bons, partagés à équivalence entre bitume et chemins escarpés. Vous avez grosso-modo 30km de montée vers Sainte-Catherine, puis 38km de descente vers Lyon. Le parcours est envoutant. Le départ à minuit vous permet de contempler le plateau du lyonnais sous la pleine lune! Avec 6000 frontales pour éclairer le décor, on est au top ! Le dénivelé n’est pas la principale difficulté. Environ 1300/1500m D+, ce qui n’est pas énorme pour cette distance. En revanche le froids, la nuit et la neige compenseront largement cette carence.
Nous garons notre voiture à Lyon et prenons le bus qui nous emmène à Saint-Etienne.
Il est 17h. Le départ sera donné dans 7 bonnes heures. No stress.
Il fait froid. Il fait même très froid. Il fera -8°C sur la ligne de départ, et -10°C à Sainte Catherine.
Il y a de la neige ; de temps en temps plus de 30cm. Parfait. Je n’ai jamais couru sur de la neige, et c’est mon 2ème trail.
Il y a du verglas. Encore mieux, je n’ai fait du patinage qu’une fois, au collège, et ce n’était pas glorieux.
Arrivés à Saint-Etienne, nous sommes immédiatement plongés dans l’ambiance... Un immense hangar sert de ‘sas dortoir’ à 6000 cinglés qui au lieu de dormir comme tout le monde le week-end, surtout quand il fait -10°C, préfèrent aller courir, allez savoir pourquoi.
Question nutrition, pas grand-chose à avaler depuis le déj. Heureusement que Julien est là pour partager son Gâteau Sport. Produit dont je ne me sépare plus les veilles de courses. Ca ressemble à un gâteau au chocolat, mais au lieu de passer 3h à la préparer, et bien ça prend 30sec. En toute franchise, ce n’est pas mauvais, et ça apporte pas mal de bonnes choses avant de s’élancer sur des courses longues.
Les douze coups de minuit se font entendre ! Nous sommes sur la ligne de départ, il fait très froid, mais nous nous en fichons ! On est à bloc, ça fait longtemps que nous attendions ce moment-là.
Avant de partir à l’assaut du lyonnais, voici une idée de ce qui nous attends :
Notre stratégie de course est simple : on commence doucement, à moins de 12km/h, sur la portion plate de 6 à 8km qui nous fait sortir de Sainté. Après, on verra. Après tout, on a jamais couru plus de 50km…
Au début, pas de soucis, le footing sur bitume, ca nous connait ! 6km d’avalés, et on se dit que c’est facile la SaintéLyon ! Mais bien sûr…
Les appuis sont soit inexistants parce qu’on en a jusqu’aux genoux, soit fuyants parce que ça glisse : quand ça descend, on essaie de ne pas tomber ; quand ça monte, on essaie d’avancer tant bien que mal.
Ma première erreur consiste à ne rien avoir avalé depuis le déjeuner, à part trois bouchées de Gâteau Sport. Mon ventre gargouille, et une fois arrivé au ravito de Saint-Christo, je m’empiffre de pâtes de fruits. Niveau ‘faim’, ça va beaucoup mieux. En revanche, niveau digestion, je vais en baver pendant les 52km restants. Petit conseil, il faut arriver ‘léger’, certes, mais évitez tout de même de gargouiller avant d’attaquer un trail
Nous nous élançons, et le mot est fort, on devrait plutôt dire, nous nous dirigeons, vers Sainte-Catherine, 14km plus loin. Rien à signaler, si ce n’est un état de fatigue qui commence à pointer le bout de son nez, et une pointe d’énervement liée à la neige, qui empêche d’avancer. Mais il faut reconnaitre qu’on l’a bien cherché, alors on poursuit !
Sainte-Catherine, deuxième arrêt ! Je commence à fatiguer. Courir dans la neige, ce n’est pas forcément ce que je fais tous les matins. Mon entrainement ‘dénivelé’ est alors très faible, et je commence à cramper.
De Sainte-Catherine à Soucieux (km45), on avance tête baissée, et on fait très attention à ne pas glisser, ce qui est, questions appuis, très désagréable. Les foulées TAPENT fort le sol à chaque fois. Nombre d’entre nous tombent au combat, se fracassant le crâne en glissant ou se cassant un bras (j’exagère peut-être, mais je ne crois pas). L’organisation étant excellente, il y a des postes de sécurité un peu partout pour évacuer les blessés. Je ne savais pas que le trail était un sport dangereux !Mais on n’arrête pas. On marche, ET on trail !
C’est alors que je tombe très fortement, dans une descente très abrupte. Je me cogne l’extérieur de la cuisse droite sur une pierre pointue. Sur le moment, je ne sens rien. Il fait -10°C et mes muscles sont chauds comme la braise. Mais lorsque je reprendrai la course quelques jours après, je me rendrai compte que je me suis fait une sévère tendinite. Je devrai m’arrêter jusque février/mars (!!).
Saleté de pierre ; et dire que j’ai dû repasser à côté 2 fois depuis ce jour :-)
Nous arrivons tant bien que mal à Soucieu. Si mes souvenirs sont bons, c’est un grand hangar dans lequel je me demande si je continue ou si j’abandonne. Mais nous sommes 2. Avec Julien, nous n’abandonnerons pas, et on se relaie à l’effort. Un coup c’est lui devant, et j’avance en suivant ses talons ; un coup c’est moi devant, et lui qui avance en suivant les miens.
Au km50, nous avions déjà mis bien plus de temps que pour finir la même distance lors de l’écotrail. C’est très décourageant, mais on fait avec. Tant pis pour le chrono.
Arrivés au km57, c’est le dernier ravito, et il ne reste plus que 11km. La victoire est proche :-)
Cela doit faire
maintenant plusieurs heures que j’ai des crampes, et ce n’est pas agréable,
mais mon doux et aimable caractère percheron doit m’aider à surmonter ce
malencontreux inconfort. J’essaie de m’étirer, ce qui m’aide à diminuer les
crampes, et je bois beaucoup. Petit conseil, le magnésium, pour en prendre
depuis 1 an maintenant, ça marche !
A ces moments de
course, on se dit que l’on est vraiment idiot de s’être inscrit à ce trail, et
surtout de s’être lancé malgré la neige.
Mais aujourd’hui,
étrangement, je n’en garde que d’excellents souvenirs ! J Nous avons bien
souvent, humbles trailers, la mémoire bien sélective J
La montée qui nous
attend après le dernier ravito est tellement raide qu’elle nous fait rire. Une
fois franchie, nous redescendons tant bien que mal vers Lyon à travers les très
agréables faux-bourgs.
On savoure la fin de
course. Il n’y a plus de neige, et on sait que sauf blessure, la ligne
d’arrivée nous tend les bras.
Les 4 derniers km le
long du fleuve sont un mélange de bonheur et d’énervement. Ca n’en finit plus,
mais on sait que plus rien ne peut arriver ! On est finisher, et personne
ne peut nous l’enlever !
Le chrono tombe : 8h02, Julien sera 615 et moi 617è.
Sur près de 6000 participants (dont bcp d’abandons !), pour un premier trail de cette envergure, il n’y a finalement pas de quoi rougir !
Alors on se dit qu’on n’est pas trop mauvais, et on pense déjà au trail d’après.
Ces premiers trails sont très enrichissants car nous partions vraiment à l’aveugle. On n’était pas vraiment bien habillés (mon ‘collant’ était BCP trop épais), j’avais très mal géré l’alimentation d’avant course, et c’était pas bcp mieux pendant la course (je ne commettrai plus jamais cette erreur de gavage en pleine course).
Mais c’est comme ça que l’on apprend. Le trail est une belle école de la vie. C’est en apprenant de ses erreurs que l’on avance, et en étant persévérant que l’on arrive à atteindre ses objectifs.
Alors marche ou trail, ce jour là, je crois bien que j’aurai appelé ce blog, trail ou crève :-)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire